L’inégalité de désir conjugal est un sujet sensible, il reste le premier motif de consultation en sexologie.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il touche autant les hommes que les femmes, de tout âge, et peut nuire à terme à la relation.
Il n’y a rien d’alarmant, à avoir une baisse temporaire de libido
Si le couple est heureux et épanoui en l’absence de rapports sexuels, il n’y a pas de problème.
Mais lorsque le désir ne coïncide plus dans la durée, cela peut créer des sentiments de tristesse, de frustration, de culpabilité voire de colère.
Qu’est ce que la libido ?
Elle désigne une pulsion sexuelle. Un état psychologique qui se manifeste par une recherche de désir et de plaisirs sexuels.
Deux manières différentes sont possibles, soit de façon:
Spontanée : avec la vue du partenaire ou d’un stimuli comme une odeur, un objet, …
Circonstanciel : dans certaines conditions, par exemple dans un lieu particulier, ou à moment donné, …
Quelle est la normalité concernant le désir sexuel ?
Il n’existe pas de norme reconnue en matière de comportement sexuel.
Il est important faire la distinction entre le manque de désir sexuel spontané (l'envie d’initier un acte sexuel) et le désir sexuel réactionnel (en réponse au désir de l’autre).
On distingue plusieurs types de manques de libido :
Si celui-ci est présent depuis toujours, depuis le tout début de sa vie sexuelle on parlera d’un manque de désir Primaire
Si celui-ci est présent après une période sans difficulté, on parlera d’un manque de désir Secondaire
Si la personne n’a aucune pensée, fantasme ou désirs sexuels (seule ou couple), on parlera d’un manque de désir Généralisé
Si la personne se masturbe, mais n’éprouve pas de désir sexuel pour son (sa) partenaire on parlera d’un manque de désir Situationnel
Les causes
De nombreux déclencheurs sont possibles comme :
Le stress,
L’anxiété,
La fatigue,
Le manque de sommeil,
Les troubles alimentaires,
Les histoires de couple,
Les affaires professionnelles,
Les sujets familiaux,
Les problèmes personnels,
Les croyances religieuses ou culturelles,
Un problème médical,
Les traitements médicaux,
Les chamboulements hormonaux,
L’orientation sexuelle (Asexualité*, ...)
Les troubles sexuels (Anaphrodisie, Vaginisme, Anorgasmie)*
…
* L’ asexualité n'est pas une maladie, mais une orientation sexuelle caractérisée par une absence d'attirance sexuelle ou un désintérêt total pour le sexe.
Certaines personnes asexuelles n’ont jamais eu de désir sexuel, ni de relations sexuelles, tandis que d’autres en ont eu, puis se sont identifiées asexuelles plus tard dans leur vie.
* L' anaphrodisie est absence totale de désir. La personne éprouve du plaisir, et parvient à l'orgasme mais son envie de contact charnel et d’activité sexuelle est au point mort.
* Le vaginisme est l’incapacité à faire l’amour, une peur panique de la pénétration.
* L’ anorgasmie est l’absence de plaisir durant l’acte sexuel.
Et si c’était un problème médical ?
La première chose à faire est d’écarter tout problème médical.
Cela peut être :
Une dépression
Un traitement médicamenteux en complément d’une thérapie sera nécessaire pour aider la personne déprimée à retrouver du désir
Une maladie comme le diabète ou l’hypertension
Un déséquilibre hormonal thyroïdien
Une chute brutale de la testostérone chez le partenaire masculin
Certains traitements médicamenteux
Comment gérer un réel écart de libido ?
Avoir une différence de plaisir ne traduit pas un manque de sentiments mais bien de besoins.
Cependant la différence de libido est difficile à gérer pour les deux individus, pour le demandeur, ou pour celui qui refuse,
Celui qui a toujours envie pense qu’il est obsédé, que sa libido devrait être refrénée. Celui qui n’a jamais envie considère que quelque chose cloche chez lui, qu’il est incapable de satisfaire l’autre.
Parfois les motifs de ce blocage peuvent être profonds. Soit une expérience négative du passé non digérée, comme le fait de ne pas se sentir bien dans son corps, ou la peur de certains fantasmes de sa/son partenaire, …
C’est pour cette raison qu’il est important de discuter de vos ressentis. Afin de créer un espace de communication bienveillant où chacun pourra se sentir entendu, compris avec ses sentiments sans être jugé.
Je vous rappelle tout de même, qu’il est important de respecter votre partenaire, de ne jamais forcer ni l’un ou l’autre à faire des choses non désirées. Le viol conjugal n’est pas admis, et ce même au sein d’un couple. La pénétration doit être toujours un acte consenti.
Sachez, que l’exploration sexuelle individuelle peut être une excellente richesse et ne doit pas être mise de côté, car finalement votre compagnon (compagne) ne peut être responsable à 100% de votre satisfaction sexuelle.
Ainsi en faisant cette recherche personnelle vous éveillez votre érotisme, et vous découvrez d’autres formes de plaisir qui diminueront aussi votre frustration.
Et pour le partenaire le moins désireux, la pression, la culpabilité, l’apaisement de cette situation aura un impact positif sur sa libido.
Quelles sont les solutions ?
Certains couples optent pour des solutions alternatives, comme la masturbation en solo, ou même, à l’extrême, le couple libre, c’est à dire pas de relation amoureuse, mais juste du sexe.
Si la situation devient pesante pour l’un ou pour l’autre et que la communication ne parvient pas à se dénouer, mieux vaut ne pas attendre pour consulter un spécialiste. Car plus l’éloignement sexuel est ancré, plus le travail sera long.
Il est important de chercher en premier ce qui se cache chez la personne moins demandeuse, tout comme chez celle sollicitante.
Lorsqu'il s’agit d’un problème de couple qui s’est installé progressivement au fil des années, il existe plusieurs solutions aux soucis de synchronisation du désir. Tout comme si la personne éprouvant le moins de sensualité, aimerait avoir plus de goût, un travail sur son érotisme est réalisable.
Pour rappel, une relation amoureuse s’entretient continuellement. Même si on est parents, le rôle d’amants ne doit jamais se perdre.
La complicité, la communication, la tendresse doivent être présentes.
L’amour que l’on porte pour l’autre passe obligatoirement par des petites attentions, des gestes, des caresses, …
Malheureusement, chez certains couples, le toucher est forcément assimilé au sexe. Avec ce style de phrase que j’entends en consultation « Dès qu’il (elle) me touche, c’est pour du sexe »
Et résultat, celui ou celle qui est demandeur n’ose plus rien tenter et l’autre appréhende toujours ce moment où il devra dire non !
Pour ne pas en arriver là, un couple doit savoir entretenir le désir au quotidien grâce au toucher et avoir des gestes tendres qui ne mènent pas systématiquement au sexe. Une main sur l’épaule, un baiser dans le cou, … sont des petites attentions tendres qui ne sont pas des invitations au sexe mais qui entretiennent le désir.
Car moins on se touche, plus on s’éloigne physiquement et émotionnellement.
Cette différence peut-elle mener à la rupture ?
Le souci d’une véritable différence de libido dans le couple est qu’il s’agit d’une voie sans issue si aucun des deux ne veut la corriger.
Il peut sembler superficiel de rompre pour un problème de sexualité, mais c’est à chacun(e) de décider si cela lui pèse vraiment ou pas.
On ne peut pas forcer quelqu’un à faire l’amour et à passer sa vie frustré(e).
Conclusion
Le sexe n’est pas instinctif, cela s’apprend. L’érotisme de soi et du couple se cultive.
La libido est souvent un bon indicateur de l’entente dans le ménage.
Chaque couple est différent, le but est d’apprendre à mieux se connaître et apprécier ses propres désirs, et ceux de son ou sa partenaire.