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Le triangle des jeux psychologiques

Nous connaissons tous des personnes qui ne font que de se plaindre à longueur de temps …

Oui, tous ces individus, parent, conjoint, collègue, ami(e), qui trouvent toujours quelques choses pour ronchonner, avec tous les malheurs du monde qui leur tombent dessus. Et même souvent lorsque tout va bien, ils s'apitoient encore sur leur sort.


Sachez que toutes ces gens se positionnent inconsciemment dans un rôle appelé VICTIME. Et que quand vous les aider, vous les écouter, vous vous retrouvez dans un jeu de manipulation involontaire en vous plaçant dans la position de SAUVEUR.


L’erreur que tout le monde fait dans cette situation est de donner de la sympathie, de la compassion, de l’assistance à cette personne. Et sans le savoir vous faites l’erreur de garder ce quelqu’un enfermé dans un engrenage infernal d’un jeu psychologique.


De nombreuses personnes agissent ainsi, avec ce besoin fondamental de reconnaissance, d’attirer l’attention de l’autre.


Il existe une infinité de jeux différents mais le plus utilisé est le Triangle de Karpman, appelé aussi triangle dramatique.


Qu'est-ce que le triangle de Karpman ?

Théorie élaborée par Éric BerneIl, psychiatre canado-américain et conceptualisé par Stephen Karpman psychiatre américain.


C’est un outil de représentation des jeux psychologiques que beaucoup d’individus pratiquent de façon inconsciente lors de leurs interactions avec toutes autres personnes et ce dans n’importe quel type de relation (amoureuse, familiale ou professionnelle).


Grâce à cette technique de représentation, aujourd’hui, les individus parviennent à mieux comprendre, le fonctionnement de leur relation déséquilibrée et de leur permettent de sortir de ces schémas relationnels toxiques et pathologiques.



Son mode de fonctionnement


Chaque personne joue un rôle, comme une pièce de théâtre jouée par des comédiens. Avec un ton de voix, un choix de mots, une posture ou encore des expressions du visage différentes tout cela en fonction de l’interlocuteur avec qui ils interagissent. Rien n’est statique, le personnage peut passer de l’un à l’autre en fonction de l’interaction avec son (sa) partenaire. Un rôle s’affirme et son rôle complémentaire lui répond.


On retrouve souvent des compositions de Sauveur/victime ou encore Victime/ bourreau, …


Il est important de noter que ces rôles n’ont rien à voir avec le genre féminin masculin.


Les différents rôles


Le rôle de la victime


Quand on parle de victime, ce n’est pas une victime d’un accident, d’abus, ou d’un pervers narcissique, … mais bien d’un rôle incarné.


C’est la personne qui se plaint en permanence, subit les situations auxquelles elle est confrontée. Elle aura tendance à s’apitoyer sur son sort, ne pensant jamais avoir de chance, que tout le monde est contre elle, même les administrations, ses proches, sa famille, …


Elle cherche à attirer l’attention d’autrui, car elle a un gros manque affectif. Elle se placera toujours en dessous de ses interlocuteurs, ne connaissant pas ses propres besoins, ni comment y subvenir, espérant donc que quelqu’un d’autre s’en chargera (Le Sauveur).


Pour elle, elle se considère comme irréprochable, se dédouanant ainsi de ses propres responsabilités. Et quand on lui fait remarquer, elle se sent facilement persécutée et utilise beaucoup de formulations négatives du style : « Je n’ai jamais de chance », « C’est toujours moi qui fais des sacrifices », …


Son objectif est clair, retirer des bénéfices, de l’attention des autres à la confortation. Par son positionnement social, la victime attire le persécuteur et recherche l’attention du sauveur.


Et quand le sauveur tente de lui apporter des solutions, elle répondra toujours: « Oui, mais … », car pour rester victime, cette dernière ne doit pas trouver de solution.



Le rôle du sauveur, du protecteur


Quand on dit sauveur, ce n’est pas un sauveteur, pompiers, secouriste, … mais toujours un rôle joué.

L’intérêt du sauveur ici, est de tenir un rôle gratifiant, celui qui inspire la générosité, l’empathie, la figure de celui qui vous veut du bien.

Il place la victime comme incapable de s’en sortir seule, donnant son aide, son avis, sans même que personne ne lui ait rien demandé.


Pour dire vrai, sa position de sauveur lui permet de ne pas se concentrer sur ses propres besoins, problèmes, lui permet de les gommer, de les effacer car en réalité cette personne a une mauvaise estime d’elle. Et en se comportant ainsi, elle tentera juste de recevoir la reconnaissance d’autrui.


Avec des phrases du style : « Laisse moi faire ! » , »Je m’en occupe ! », « Ne t’inquiète pas, je vais m’en occuper à ta place »…


Le rôle du persécuteur, du bourreau


Le persécuteur ou bourreau est souvent un ancien sauveur ou une ancienne victime, qui a souhaité sortir de son rôle. Il place immédiatement l’autre dans une position de domination, ne laissant rien passer. Il aura tendance à ironiser, à critiquer, à culpabiliser, et même à rabaisser l’autre dans ses paroles ou ses attitudes.

Il donne des ordres, dicte des règles de conduite, impose son autorité, plaçant ainsi son interlocuteur en position d’infériorité.


Avec des phrases du style « Tu es nul(le) ! », « Tu aurais dû faire ça (ou ne pas faire ça) », « Es-tu sûr d’être capable de faire ça ? », « Je te l’ai déjà répété 100 fois, pourtant ça ne change rien », …


Comment ne pas rentrer dans ce jeu psychologique ?


Pour ne rentrer dans ce jeu, il faut toujours entretenir une relation saine entre l’autre et soi même, avec :

  • Une transparence, dire les choses, sans attaquer

  • Une souplesse, ne pas être rigide afin de laisser de la place pour construire, et permettre à l’autre de s’exprimer

  • Un non-effondrement, signaler et communiquer sur quelque chose qui ne va pas

  • Une protection, se respecter soi-même avec ses valeurs

  • Une satisfaction, prendre du plaisir à échanger, à communiquer avec l’autre


Analyser et désamorcer les déclencheurs toxiques


Certaines phrases ou attitudes sont de véritables déclencheurs de ce jeu. Elles sont rarement constructives. Leur but unique, souvent inconscient, est de se positionner dans un rôle et de placer l’autre dans un rôle complémentaire.


Alors attention à ne pas les utiliser !


Par exemple :

  • « Arrête de t’énerver, calme toi ! » : Phrase qui énerve encore plus l’autre !!

  • « Je fais toujours tout à la maison, tu ne fais jamais rien » : Exagération pour pousser l’autre à réagir

  • “Pffff”

  • ou un regard vers le ciel,


Dans ces cas, il s’agit alors de désamorcer ces déclencheurs afin de ne pas rentrer dans le jeu.


Et la seule façon est de les ignorer, ou de répondre avec indifférence voire de l’ironie. Mais pour agir comme cela il faut bien se connaître avec ses points faibles, ses points forts, ses valeurs,… Pour être plus résistant et détaché face aux déclencheurs.


Changer de postures


Eric Berne, le fondateur de l’analyse transactionnelle, a élaboré le concept des États du moi: Parent, Adulte, Enfant


Le triangle de Karpman est un miroir des États du moi, selon lequel nous avons trois positions possibles dans nos relations : Enfant, Adulte ou Parent.


Si l’on analyse les positions de Victime, Persécuteur et Sauveur au travers des États du moi, nous remarquons que :

• Le Persécuteur est un Parent ultra normatif. Il est très directif, prescripteur, protecteur avec autorité.

• Le Sauveur est un Parent ultra nourricier. Il est aidant, réconfortant, accueillant.

• La Victime est un Enfant ultra soumis. Il réagit en soumission aux figures d’autorité.


Dès lors, la clé pour sortir du triangle de Karpman est de changer de posture pour mettre sa partie Adulte aux commandes, en laissant au vestiaire son costume d’Enfant soumis (Victime), et de Parent normatif (Persécuteur) ou de Parent nourricier (Sauveur).



Comment sortir du triangle de Karpman ?


Toute sortie d’une relation instable commence par une prise de conscience. Soyez conscient(e) que vous êtes le personnage principal de votre vie, et que nul ne peut vous outrepasser.


Voici quelques conseils pour en sortir:

  • Repérez les amorces

  • Prenez conscience du rôle que vous jouez et que vous avez tendance à faire

- Quel est mon rôle : Victime, Persécuteur ou Sauveur ?

- Quels sont ceux des autres ?

- Quels sont les paroles et comportements qui caractérisent chaque rôle ?

- Quelle est ma part de responsabilité dans ce jeu ?

  • Observez vos émotions, vos ressentis

  • Adoptez les bonnes réactions selon l’interlocuteur

  • N’attendez rien des autres, s’ils ne veulent pas changer d’eux même

  • Testez l’effet du miroir avec votre partenaire, en jouant le même rôle que l’autre au même moment.

Ex: Si en face de vous, la personne joue le sauveur, faites pareil ! De même, si elle se plaint ou se victimise, répondait lui en vous plaignant aussi !

Le triangle sera alors bloqué car plus aucun rôle complémentaire ne sera joué

  • Exagérez votre rôle, amplifiez exprès avec des mots, des mimiques et même une attitude pour faire exploser le triangle. L’autre personne en face se rendra compte du ridicule de la situation.

  • Utilisez la Communication Non-Violente avec ces 4 phases:

- Observation

Étude et analyse de la situation puis description des faits sans porter de jugements

- Sentiments

Partage de ses sensations, de son ressenti

- Besoins

Expression de ses désirs et envies

- Demande

Formuler un souhait. "Je propose que… Je demande que…"


Pour garder son affirmation de soi, il est important de ne pas oublier de :

Rester centré sur les faits de la situation précise

– Bannir les généralisations avec les mots " toujours, jamais, ..."

– Refuser les comparaisons

– Éviter le pointage systématique de ce qui est négatif

– Dissocier les faits des personnes et évitant de juger la personne à travers les faits


  • Identifiez vos failles, vos forces qui sont à l'origine de vos déséquilibres relationnels, avec une thérapie. Cela vous permettra à apprendre aussi de nouveaux rôles tels que le créateur, le coach ou le challenger (avec le triangle dynamique appelé aussi vertueux)


Conclusion


Sortir du triangle de Karpman nécessite de répondre à cinq questions :

– Qui je suis ?

– Qu’est ce que je veux ?

– Avec qui ?

– Par quoi je le remplace ?

– Quand ?


  • Face à une victime

Si une personne se plaint et se victimise sans arrêt, alors il y a deux façons de réagir :

Ignorez ou répondre avec une remarque légèrement satirique pour faire prendre conscience du ridicule de la plainte.


Comment faire si la personne a vraiment besoin d’aide ?

Elle doit explicitement demander d’elle-même de l’aide. Vous lui expliquez, lui montrez ou même lui donnez un coup de main pour qu’elle puisse le faire toute seule la prochaine fois.


« Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. » Confucius


  • Face à un sauveur

Si une personne insiste pour vous aider alors que vous n’avez rien demandé, refusez gentiment son aide.

  • Face à un persécuteur

Vous pouvez utiliser la technique « oui-oui » qui est très efficace, notamment lorsque vous sentez que votre interlocuteur ne cherche pas à vous prendre en considération


Toute relation lie deux individus, qui lorsqu’ils sont codépendants, entretiennent des schémas relationnels autour des pôles de ce triangle. En prendre conscience permet de ne plus reproduire ces schémas et de ne plus être attiré vers ce genre de relation et partenaire.


***** BONUS *****



Le triangle de Karpman s’associe totalement au cas des pervers(es) narcissiques.


Tantôt victime, persécuteur ou sauveur.


Les différents rôles interprétés par la victime du pervers narcissique et son bourreau, au fil de la relation :


  • Rôle de la Victime et du Sauveur

La victime exprime souvent ses envies, ses besoins et désirs particuliers, parfois inconscients. Trouver la personne idéale pour fonder une famille, avoir une maison, … sur lesquels le pervers narcissique s’empresse de sauter, incarnant le rôle du parfait sauveur, celui qui peut tout lui apporter.


La proie du pervers narcissique est alors prise au piège dans un sentiment de reconnaissance qui la lie et dont elle ne peut se défaire, à terme.


  • Rôle du Sauveur et de la Victime


Puis elle est investie par le désir d’aider, de sauver le manipulateur qui simule souffrance, blessures et manque. La victime pensera alors agir généreusement en tentant d’apporter son soutien au pervers narcissique, sans savoir en réalité qu’elle crée jour après jour un lien toxique à un individu dépourvu d’intériorité et dont l’unique but est de la détruire.


  • Rôle du Persécuteur et de la Victime

Pour manipuler toujours plus sa prise, le pervers narcissique se place en position de victime. C’est lui qui souffre, lui qui subit.

C’est à cause de l’autre s’il est malheureux, si la maison est en désordre, …


Ainsi, passant tour à tour par tous les personnages. Le pervers narcissique n’envisage la vie que comme une pièce de théâtre diabolique dont il est le réalisateur et le metteur en scène. Il attribue et redistribue constamment les rôles.










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