L’endométriose, une maladie longtemps méconnue, est désormais au cœur des discussions dans les médias, qu'il s'agisse de la presse écrite, de la télévision, de la radio ou des réseaux sociaux. Mais que cache réellement ce mal qui touche une femme sur dix et qui impacte si profondément la dynamique des couples ?

Qu'est ce que l'endométriose ?
L’endométriose est une maladie gynécologique inflammatoire et chronique. Elle se caractérise par le développement d’une muqueuse utérine (l’endomètre) en dehors de l’utérus, colonisant d’autres organes avoisinants.
Elle se manifeste chez les femmes en âge de procréer. Parfois dès la puberté avec les premières règles, et ce jusqu’à la ménopause de façon normalement régressive.
L’endométriose est-elle une maladie de règle ?
Si l’endométriose est souvent liée aux douleurs de règles, cela ne se résume pas juste à ça. Les règles marquent le passage de l’enfance à la vie d’adulte, elles rythment le quotidien des femmes, elles sont naturelles et sont un signe de bonne vitalité de l’état général de santé.
Comment faire la différence entre des règles douloureuses et l’endométriose ?
Attention, les douleurs pendant les règles ne signifient pas forcément endométriose !
Les règles provoquent souvent une souffrance, car elles correspondent à une contraction de l’utérus pour libérer l’endomètre. Il est donc normal de ressentir des crampes. Si elles s’atténuent avec un médicament, il n’est pas nécessaire de s’inquiéter.
Par contre, si les douleurs persistent plus de 24 heures, ou deviennent de plus en plus douloureuses, malgré la prise d’un antispasmodique ou d’un antalgique, alors une consultation est à envisager.
L’endométriose est pour certaines juste une souffrance durant l’ovulation, pendant les règles ou pour d’autres presque quotidienne.
Tout comme elle peut être silencieuse pour les femmes asymptomatiques, qui le découvriront seulement après des examens de fertilité.
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes peuvent se manifester chroniquement, périodiquement voire pas du tout. Leur fréquence et leur intensité ne sont pas liés à la gravité de la maladie. De plus, chaque endométriose est différente et vécue différemment par chaque femme.
Néanmoins, ils se traduisent le plus souvent par:
Règles douloureuses (Dysménorrhée)
Douleurs lors de rapports sexuels (Dyspareunie)
Douleurs pelviennes
Troubles intestinaux
Douleurs lombaires jusque dans les jambes
Crises de coliques, crampes abdominales
Troubles urinaires (brûlures, mictions fréquentes, dysurie, …)
Défécation avec des douleurs
Difficultés à concevoir un enfant
Sensation de masse abdominale
Douleur à l’épaule droite (quand l’endométriose touche le diaphragme)
Fatigue chronique
Cette série représente les symptômes les plus courants, mais cela n’exclut pas d’autres douleurs.
Le diagnostic
En cas de doute, consulter un professionnel (médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme) est une première étape indispensable. Car ils seront à même de vous prescrire des examens complémentaires comme:
Une échographie endo-pelvienne ou endo-vaginale
Pour permettre de déceler des lésions, des kystes ovariens, des adhérences, des contractures musculaires,…
une IRM
Pour obtenir une vue en 2D ou 3D de l’intérieur de la cavité pelvienne et utérine avec une vue précise sur les tissus dits « mous » et de visualiser les lésions, kystes, nodules ou autres.
Une hystérographie ou hystérosalpingographie
Examen radiologique pour visualiser l’utérus et les trompes qui permet de détecter des malformations, déformations, des adhérences,…
Une échographie endo-rectale
Pour analyser les possibles lésions situées au niveau du rectum ( jusqu’à 25 cm au-dessus de l’anus).
Un coloscanner ou uroscanner
C’est un examen plus profond pour explorer le rectum, le colon ou les uretères, qui permet de détecter des lésions.
Le traitement
À ce jour il n’existe pas de traitement curatif pour guérir de l’endométriose.
A part, des options thérapeutiques, comme le traitement hormonal ou d'autres alternatives médicamenteuses ou encore chirurgicales qui pourront vous être proposés.
Avec soit :
La pilule contraceptive
L'implant
Le stérilet hormonal
L'injection (ménopause artificielle)
La chirurgie ( le plus souvent par coelioscopie)
Les objectifs des traitements sont essentiellement dans le but :
D’améliorer la qualité de vie
D’éviter le développement des lésions
De supprimer les règles (aménorrhée)
L'infertilité
Dans de nombreux cas, l’endométriose est diagnostiquée suite à un bilan de fertilité.
L’endométriose est en effet la première cause d’infertilité féminine, mais ne touche que 30 à 40% des femmes atteintes.
Origines et causes de cette maladie
Génétique, épigénétique, environnement, le hasard,…
L’origine de l’endométriose questionne beaucoup de femmes et de scientifiques.
On sait que l’endométriose aurait un rapport de 50/50 de facteurs génétiques et épigénétiques.
Mais différentes théories existent :
La théorie de la prolifération des cellules embryonnaires résiduelles des voies génitales de l’embryon à un stade encore indifférencié sexuellement.
La théorie de la migration à distance via les vaisseaux lymphatiques et vasculaires. Ces cellules se développeraient sous l’influence de certaines stimulations (externes, génétiques,…) et provoqueraient, à terme, de l’endométriose. La migration de ces cellules permettrait d’expliquer des lésions qui peuvent se situer dans l’ombilic, le vagin et le col de l’utérus. Ces zones ont un système lymphatique communicant.
La théorie du reflux menstruel ou implantation
Cette théorie est la plus acceptée et la plus répandue à l’heure actuelle. Elle se base sur le fait, qu’au cours des règles, un saignement remonterait par les trompes et amènerait des fragments similaires à l’endomètre dans la cavité abdomino-pelvienne. Ces cellules similaires à celles de l’endomètre se fixeraient ensuite sur la surface du péritoine (membrane recouvrant les organes abdominaux) et les organes du pelvis.
La part de génétique
À l’heure actuelle, on considère que les filles de mères qui ont eu de l’endométriose ont sept fois plus de chances de développer la maladie. On parle de mutations dans l’ADN.
Facteurs environnementaux et épigénétiques
Avec la surconsommation d’alcool, la pollution de l’air, la nourriture, le stress, les perturbateurs endocriniens, …
Vivre avec une endométriose
L’endométriose est une maladie chronique qui se vit au jour le jour.
On ne la choisit pas, mais il est essentiel d’apprendre à vivre avec, de l’accepter et de trouver des pistes pour la soulager au quotidien.
Il y a trois pans de douleur à travailler pour y réussir :
le Physiologique
le Corporel
le Psychologique
Certaines solutions peuvent aider les personnes atteintes :
Les médecines alternatives (Acupuncture, sophrologie, auto-hypnose, ostéopathie,…) pour réduire les contractions, les noeuds musculaires et pour la mobilité
La pratique du yoga pour réduire les douleurs, ou en faisant du sport, pour assouplir les adhérences et conserver une bonne mobilité du bassin
La relaxation, la méditation ou encore la sophrologie pour apprendre à gérer la douleur et le stress
L’ alimentation, avec l’aide d’un professionnel
La gemmothérapie, ou des compléments alimentaires pour soutenir le bon fonctionnement du corps et le système immunitaire, après avis d’un spécialiste
La thérapie, afin de pouvoir vous libérer par la parole
…
Attention, l’automédication même avec les plantes n’est pas conseillée (allergies, inhibition des traitements…).
L'endométriose et le couple
Lorsque l’endométriose s’immisce dans la relation, cela peut générer une série de questionnement et d’ajustements avec des sentiments d’inquiétude et d’impuissance.
Il est important de prendre conscience de l’impact de la maladie sur l’intimité, le quotidien et de pouvoir s’adapter en fonction des douleurs, de la fatigue, des jours avec et des jours sans, …
En prenant en compte aussi que les traitements hormonaux entraînent parfois des effets indésirables comme des changements d’humeur ou encore une diminution de la libido, …
Et puis cette incertitude de pouvoir concevoir un enfant, qui peut affecter et remettre en cause le couple.
C’est pourquoi dans cette situation, le conseil d’un professionnel soit thérapeute de couple ou sexologue peut être utile afin de retrouver un équilibre qui convient à chacun.
Pouvoir en parler librement, cela participe aussi à l’acceptation de la maladie. Cela ne doit pas représenter un poids, que ce soit pour les femmes atteintes de l’endométriose ou les conjoints (es).
Il est également important de pouvoir parler de l’endométriose, et même d’en rire, …
Mais surtout la présence du conjoint(e) est une source de soutien inépuisable.
L'endométriose et le sexe
Même si cela peut être difficile au quotidien, avoir une sexualité saine est possible avec l’endométriose. Cela demande des ajustements et surtout de la communication au sein du couple.
La sexualité est diverse et ne se résume pas forcément à la pénétration.
Chaque couple doit trouver sa propre définition.
Pour se faire, les partenaires doivent jouer entre eux, explorer leurs corps, parler de leurs points de stimulation, tester d’autres positions, …
En respectant le plaisir des deux partenaires.
La sexualité s’invente et se réinvente selon chaque couple. Alors, à vous de trouver ce qui vous fera prendre en compte la jouissance de chacun et surtout sans douleur.
Conclusion
L’endométriose est une maladie complexe qui se développe différemment selon chaque femme et chaque système immunitaire.
Il est important de bien comprendre cette différence.