Dans une relation amoureuse, les moments de doute, d’inquiétude ou de questionnement sont tout à fait normaux. Se demander si l’on a pris la bonne décision, ou si la personne en face de nous concorde est légitime. Mais lorsque ces pensées évoluent de manière obsessionnelle ou incontrôlable, et que cela provoque une réelle anxiété et du stress permanent, cela devient un trouble appelé le TOC du couple.
Qu’est-ce que le TOC du couple ?
Un TOC, Trouble Obsessionnel Compulsif dit « classique » est un trouble de l’anxiété qui se manifeste à travers des comportements répétés et handicapants dans le quotidien d’une personne. Comme par exemple : L’obligation récurrente de contrôler et de revérifier que tout est en ordre, le besoin continuel de se laver les mains, d'éviter les choses ou les lieux perçus comme sales, l'organisation obsessionnelle et le rangement des objets de manière particulière, le comptage des séquences numériques, …
Là, contrairement à des tocs de vérifications, c’est plus précisément un trouble de la pensée obsessionnelle, celui-ci est invisible si l’on ne connait pas la personne.
Le TOC du couple, c’est l’interaction amoureuse qui cause du stress et qui amène des idées persistantes et des attitudes compulsives. Il intervient avec rumination, et non par vérification comme la plupart des TOC.
Ce trouble obsessionnel compulsif (TOC) se focalise uniquement sur les relations affectueuses ou romantiques. Il est également connu sous le sigle ROCD Relationship Obsessive Compulsive Disorder.
L'obsession pathologique centrée sur le TOC conduit l’individu à souffrir psychologiquement.
L’être atteint doute perpétuellement que le lien soit le bon ou que le (la) partenaire l’aime réellement. Elle va alors scanner, suranalyser chaque interaction, pour vérifier et y trouver des indices sur la santé de son alliance, n’hésitant pas à la comparer à d’autres, pour se rassurer.
Celui-ci a des idées intrusives et obsédantes, qui sont émotionnellement stressantes, affaiblissantes, le tout accompagné d’un comportement compulsif, de rumination.
Certes, tout le monde peut avoir parfois des pensées involontaires, mais dans le cadre d'un TOC de couple, ces réflexions sont anxiogènes, récurrentes. Contrairement à une individualité qui développera de simples doutes sur ses rapports, l'obsessionnel souffre de crises de panique répétées, de conduites d'évitement, d’hypervigilance psychologique entrant dans un état avide pouvant entraver sa vie quotidienne (sommeil, alimentation, …) y compris sur la dynamique et la stabilité de relation amoureuse.
Le ROCD peut varier considérablement d'une personne à l'autre, et les anxiétés et les compulsions spécifiques peuvent différer.
Cela peut être sur :
Des incertitudes sur l’affection à remettre en question les sentiments et à se préoccuper du fait qu'elle n’est pas assez amoureuse. « Est-ce que je l'aime encore ?, Me plaît-il (elle) toujours autant ? »
Des doutes sur la compatibilité du couple, sur le partage des centres d’intérêts, … « Est-il (elle) fait pour moi ?, Sommes-nous finalement bien ensemble ? »
L’embellissement et la dévaluation. Certains individus avec le ROCD peuvent idéaliser excessivement leur pair au début de la relation, mais développent ensuite des pensées obsessionnelles négatives et commencent à dévaloriser l’interaction.
La crainte de commettre une erreur ou de prendre la mauvaise décision en restant avec leur partenaire
Les comparaisons continuelles avec d'autres histoires ou avec des perfections romantiques.
Les compulsions relationnelles (demande incessante de réassurance, ou même des comportements d’évitement, …)
La peur de ne pas être apprécié, à la recherche sans cesse de preuves d’amour et de validation
Et s’il tente de mettre fin à la relation, il est submergé par de l'angoisse. Toutefois, en restant dans l’histoire, il est hanté par le tourment. Restant piégé dans un cycle de doutes constants, une boucle sans fin.
Comme c’est le cas pour l’ensemble des TOC, les causes précises ne sont pas identifiées et les facteurs psychologiques, environnementaux et biologiques sont évoqués.
Cependant, puisqu’il s’agit d’un trouble relationnel, les personnalités fréquemment confrontées sont celles qui ont subi un traumatisme, des violences conjugales, un lien toxique, une brutale séparation, … Ou qui souffrent de blessures vécues pendant l’enfance (blessure de rejet, l’humiliation, ou peur de l’abandon) , d’un manque chronique d'estime de soi, de troubles de l’attachement, d’une dépendance.
Ce sont généralement plus souvent les femmes qui sont touchées, surtout celles qui sont dans l’idéalisation du couple parfait, de l’amour éternel à la recherche de princes (princesses) charmants (es) , …
Quelles sont les manifestations pour détecter ce trouble ?
Il est particulièrement identifiable par ces comportements. Et même la personne atteinte peut s’en apercevoir elle-même, une fois qu’elle a conscience que ses actions reflètent un réel mal-être.
Les signes les plus fréquents sont :
L’hypervigilance psychologique (Pensées obsessionnelles, doutes sur la loyauté de l’autre, surinterprétation de chaque situation, …)
La rumination et la comparaison (Exagération des défauts de l’autre pour se prouver à soi-même que la relation est dysfonctionnelle, traque d’élément incohérent avec sa vision de l’amour, …)
Les processus de vérification ( Messages, appels, introspections intempestives sur l’emploi du temps, prise d’informations sur des forums spécialisés sur les relations, tests, quizz, questionnaires pour valider l’amour, …)
Les stratégies d’évitement (changements d’attitude, agressivité soudaine, prise de distance, limite de contacts physiques, refus de gestes affectifs, …)
La recherche de réassurance (rumination sur la sincérité, l’honnêteté et les bonnes intentions de l’autre, recherche de preuves d’amour et d’affection, questionnement de son entourage, de ses échanges avec ses amis, test de jalousie, …)
Comment en sortir ?
Le Trouble Obsessionnel Compulsif de la Relation peut être soigné efficacement. Mais le succès du traitement dépendra de divers facteurs, notamment la motivation de la personne concernée et la qualité du couple. En effet, il est bénéfique que les deux partenaires soient impliqués dans le processus thérapeutique. La compréhension mutuelle et le soutien réciproque sont essentiels pour le surmonter.
Voici quelques approches qui peuvent être utilisées :
La thérapie cognitive et comportementale (TCC). Elle vise à identifier, comprendre et changer les schémas de pensées obsessionnelles et les attitudes compulsives.
La thérapie de couple. Elle va permettre d’aider les partenaires à appréhender les manies et les impulsions de l'autre, à corriger la communication, à établir des attentes réalistes et à renforcer la relation.
La gestion du stress (méditation, pleine conscience, relaxation) pour abaisser l'anxiété associée au ROCD et à améliorer la tolérance aux nervosités.
Les médicaments, tels que les inhibiteurs sélectifs de la sérotonine, pour faire remonter le taux, et ainsi fluidifier les pensées, soulager les angoisses, et réduire les symptômes du ROCD.
Le traitement doit être adapté aux besoins spécifiques de chaque individu.
Conclusion
Le TOC de couple peut épuiser les deux conjoints et amener à la rupture si cela devient persistant.
Les risques de dépression ou de développer des troubles associés (comme l’agoraphobie, phobies sociales, hypocondrie, …) sont bien présents.
Si le patient n'est pas pris en charge, il peut avoir tendance à se cloisonner, à éviter les contacts avec les autres, de peur de retourner dans cet état obsessionnel qui génère chez lui anxiété et angoisse chronique. Car il ne suffit pas de quitter l’être avec qui on est pour le régler et le voir disparaître. C'est plus profond, ce trouble risque fortement de suivre la personne dans ses prochaines histoires amoureuses. Il est donc important de consulter.