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Couple en crise : Avoir raison mais à quel prix ?

  • Photo du rédacteur: Isabelle WINCENT
    Isabelle WINCENT
  • 12 avr.
  • 11 min de lecture

Ce n’est souvent qu’un détail. Un mot de travers, une phrase de trop, un ton trop sec, un silence un peu trop long. Et sans qu’on comprenne exactement comment, la discussion dérape. Plus personne n’écoute vraiment.

Et c’est l’explosion !


Ce qui devait être une simple conversation vire au bras de fer. Les voix montent, les arguments s’entrechoquent, et soudain, ce n’est plus un échange, c’est une bataille. Un combat. Il faut convaincre. Il faut gagner.


Chacun se retranche derrière ses arguments comme on brandit un bouclier, prêt à tout pour imposer sa vérité.


Mais qu’est-ce qu’on cherche vraiment à défendre ? Nos idées ? Notre ego ? Ou une peur plus profonde ?

Pourquoi ce réflexe de vouloir toujours convaincre ? Cette obsession de prouver qu’on a raison ? Ce besoin viscéral de dominer l’autre ?



Couple voulant avoir raison

1- Et si derrière le besoin d’avoir raison se cachait un besoin plus profond ?


Dans un couple, les tensions peuvent vite prendre la forme d’un bras de fer. On s’accroche à son point de vue, comme si tout se jouait dans cette lutte pour avoir le dernier mot. Mais ce n’est pas toujours une question d’égo ou de contrôle.


Très souvent, ce qui se joue en coulisse, c’est un besoin de reconnaissance. Ce besoin d’être entendu(e), pris(e) au sérieux, considéré(e) dans ce que l’on ressent. Quand on insiste, ce n’est pas juste pour imposer une idée, c’est pour dire :" Est-ce que tu me comprends ? Est-ce que je compte pour toi ? "


On ne cherche pas à gagner une dispute, on cherche à exister dans la relation. Et quand cette reconnaissance ne vient pas, quand l’autre semble passer à côté de notre vécu, alors l’insécurité prend le relais. On insiste plus fort. Pas pour dominer, mais pour ne pas être effacé(e).


Souvent, le paradoxe, c’est que l’autre vit la même chose. Chacun(e) veut faire entendre sa version non pas pour convaincre, mais parce qu’elle porte une part intime de son histoire, de ses émotions. Et dans ce face-à-face, l’écoute se perd.


Ce n’est pas le désaccord qui crée la distance, c’est le manque d’un espace où les deux vécus peuvent cohabiter. Un espace où l’on n’a pas besoin d’avoir raison pour exister. Un espace où l’on peut dire :" Je ne ressens pas les choses comme toi, mais je vois que c’est vrai pour toi".


Parce qu’au fond, ce qui répare, ce n’est pas de trancher qui a tort ou raison. C’est de se sentir reconnu(e), même dans la différence.




2 – Est-ce que je me protège ou est-ce que j’attaque sans le vouloir ?


Quand on aime, on aimerait pouvoir se sentir en sécurité. Pouvoir se reposer sur l’autre. Se sentir accueilli(e), même dans ses fragilités. Être soi sans crainte d’être jugé(e), abandonné(e), ou attaqué(e).

Mais parfois, ce besoin de sécurité se heurte à la réalité, d'un regard un peu froid, une phrase blessante, une absence de réponse et tout l’équilibre intérieur vacille.


Alors, on se protège. Chacun(e) à sa manière. Certain(e)s s’énervent, d’autres se ferment. Certain(e)s fuient, d’autres s’accrochent encore plus. Derrière chaque réaction, il y a rarement une envie de blesser, il y a juste une peur. Peur de perdre l’autre. Peur de ne pas être assez. Peur d’être seul(e).


Dans le feu d’une dispute, on croit souvent que l’autre nous attaque. On répond comme si on devait se défendre, parfois même se sauver. Mais en réalité, ce n’est pas toujours une attaque. C’est juste une douleur qui s’exprime mal. Une faille qui s’ouvre brutalement. Et parce qu’on ne sait pas quoi en faire, alors on contre-attaque.


Ces moments où tout bascule sont rarement rationnels. Ils réveillent des blessures anciennes, parfois invisibles, parfois enfouies depuis longtemps. Et ce n’est pas toujours la situation présente qui fait mal, mais ce qu’elle ravive. Ce qu’elle touche en nous.


Le danger, dans ces moments-là, c’est de croire que l’autre, notre partenaire, est notre ennemi. Alors qu’en réalité, l’autre est souvent tout aussi désorienté(e), tout aussi blessé(e). Et si personne ne ralentit, si personne ne tend la main, le besoin de sécurité se transforme en réaction de survie. Et la relation devient un vrai champ de bataille.


Dans un couple, apprendre à voir la peur derrière la colère, la tristesse derrière le silence, c’est un acte d’amour. C’est reconnaître que derrière les mots durs, il y a souvent une demande d’attention. Que derrière une fermeture, il y a souvent une peur d’être rejeté(e). C’est choisir de ne pas répondre à l’agression, mais à la blessure.


Créer la sécurité, c’est ça aussi : pouvoir dire "J’ai besoin de toi, même quand j’ai l’air de te repousser" et pouvoir entendre "Je suis là, même quand tu doutes".

C’est cette présence-là qui transforme les conflits en occasions de se retrouver au lieu de se détruire.




3 – Comment savoir si c’est mon passé qui parle à ma place ?


On croit souvent se disputer à propos d’un mot, d’un comportement, d’un moment précis. On pense que le conflit concerne uniquement le présent. Mais bien souvent, ce qui fait mal, ce qui fait réagir trop fort, trop vite, ne vient pas que de là.


Ce sont des blessures anciennes qui s’invitent dans la discussion. Des choses qu’on croyait digérées. Des peurs qu’on pensait rangées. Des histoires qui n’ont rien à voir avec l’autre, mais que l’autre ravive, sans même le savoir.


Dans un couple, chacun(e) arrive avec un bagage. Un vécu, une histoire, des cicatrices. On n’en parle pas toujours. Parfois, on ne les connaît même pas entièrement soi-même. Mais elles sont là. Et il suffit d’un mot, d’un silence, d’une attitude, pour que ce passé se réveille brutalement.


Un regard fuyant peut réactiver un vieux sentiment d’abandon. Une remarque banale peut réveiller une sensation d’humiliation. Un simple désaccord peut faire ressurgir la peur d’être rejeté(e), trahi(e), ou incompris(e).


Et soudain, on ne parle plus seulement du présent. On parle avec nos blessures, nos doutes, nos fantômes. Et c’est là que le malentendu s’installe. L’autre ne comprend pas pourquoi ça prend une telle ampleur. Pourquoi ça explose si fort pour "si peu". Comment l’autre pourrait comprendre si on ne sait pas toujours nous-mêmes d’où vient cette douleur.


Mais, on en veut à l’autre, de rouvrir, une blessure dont il n’est même pas responsable. C’est tout le paradoxe. On réagit fort, mais on ne sait pas forcément pourquoi.


Et tant qu’on n’a pas mis de mots sur notre histoire, tant qu’on n’a pas identifié ce qui nous touche si profondément, on risque de revivre les mêmes scènes. Encore et encore.


Reconnaître que le passé pèse dans nos disputes, ce n’est pas fuir nos responsabilités. C’est au contraire se donner les moyens d’aimer mieux. C’est comprendre que notre réaction dit quelque chose de nous, pas seulement de l’autre.


C’est dire : "Ce n’est pas toi qui as créé cette peur, mais tu l’as touchée. Et j’aimerais qu’on puisse en parler, plutôt que s’accuser".


Dans un couple, faire cette différence entre ce qui vient d’hier et ce qui se passe maintenant, c’est une manière de remettre les choses à leur juste place. Sortir des automatismes. Ouvrir un espace où l’amour peut se construire sur la conscience, plutôt que sur la répétition.




4 – Comment briser le silence sans briser le lien ?


Il y a des disputes où les mots fusent, et d’autres où plus rien ne sort. Le silence s’installe. Lourd. Glaçant. Incompréhensible.


On se tait pour éviter d’exploser. Parce qu’on est blessé(e), dépassé(e), au bord de la rupture intérieure. Parler serait trop risqué. Trop fragile. Trop tôt. Alors on se replie. Pour se protéger. Pour se contenir. Pour ne pas dire l’irréparable.


Mais ce silence-là, l’autre ne le comprend pas. Il peut ressembler à un mur. À une punition. À une fuite. Et alors, une nouvelle douleur naît, celle de ne plus savoir où on en est. De ne plus savoir comment rejoindre l’autre, ni comment réparer.


Dans un couple, le silence peut être un refuge ou une arme ! Tout dépend de ce qu’on en fait.

Se retirer pour retrouver son calme, pour se recentrer, c’est légitime, et parfois nécessaire.

Mais se taire pour punir, manipuler ou esquiver, c’est une autre histoire. Et c’est souvent là que le lien commence à se fissurer.


Le plus grand danger, c’est que ce silence devienne un réflexe, une habitude. Une manière d’éviter ce qui dérange, quand cela devient inconfortable. Une façon d’éteindre les conflits sans jamais vraiment les résoudre. Et à force de ne plus rien dire, on finit par ne plus rien partager. Et parfois, par ne plus rien ressentir non plus.


Mais le silence n’est pas forcément un ennemi. Un temps pour redescendre, pour comprendre, pour digérer, pour retrouver une parole plus juste. Il peut devenir un outil, à condition d’être nommé, expliqué, traversé à deux. Dire : "J’ai besoin de me taire un moment, mais je ne m’éloigne pas de toi", Ou encore : "Je suis là, même si je ne trouve pas les mots tout de suite".


Ces phrases simples peuvent désamorcer des malentendus profonds. C’est ouvrir une porte, même entre deux silences. C’est montrer qu’on reste présent(e), même sans les mots.


Parce que dans un couple, l’important n’est pas de tout se dire tout de suite. C’est de rester disponibles l’un(e) pour l’autre. Même dans le silence. Et surtout dans le silence.




5 – Comment se retrouver après une dispute ?


Quand la tempête est passée, il reste un drôle de vide. Les corps sont encore tendus, les cœurs un peu cabossés, les mots dits ou tus flottent encore dans l’air. On se regarde à peine. On ne sait pas par où recommencer. Et pourtant… on est toujours là.


C’est dans ces moments-là que se joue quelque chose de précieux. Ce n’est pas le conflit qui définit un couple, c’est ce qu’on en fait ensuite. C’est la capacité de revenir vers l’autre. De se rejoindre, doucement. De retrouver le fil, même s’il s’est emmêlé.


Se retrouver, ce n’est pas faire comme si de rien n’était. Ce n’est pas balayer sous le tapis. Ce n’est pas non plus avoir tout compris, tout réglé. Non ! Se retrouver, c’est simplement dire : "Je suis encore là. Et toi aussi. Et ça compte plus que notre désaccord".


Parfois, ça passe par une main tendue, un regard plus doux, un mot maladroit mais sincère. Pas besoin de grands discours. Juste une intention claire, sortir de l’opposition pour revenir à la relation.


Mais pour que cette reconnexion ait du sens, elle a besoin de sécurité. D’un espace où l’on peut poser les choses sans être jugé(e). Où l’on peut dire " Je ne voulais pas te blesser", " J’ai eu peur ", "J’ai besoin de toi", sans que cela soit utilisé contre soi.


Se retrouver, c’est oser l’humilité. C’est parfois reconnaître qu’on a mal réagi, qu’on a été injuste, que l’autre avait peut-être aussi raison, à sa façon.


Ce n’est pas une défaite, c’est une victoire sur l’orgueil, sur la distance, sur la peur de se montrer fragile.


Et parfois, il faut du temps. On ne retisse pas un lien abîmé en un claquement de doigts. Il faut de la patience, de l’écoute, des gestes simples mais vrais. Il faut de la présence, au-delà des mots.


Parce qu’au fond, ce que chaque personne attend, après une dispute, ce n’est pas qu’on lui donne raison. C’est qu’on l’aime encore. Qu’on la choisisse encore. Même quand c’est difficile.


Dans un couple, se disputer, c’est inévitable. Mais se retrouver, ça se construit. Et à chaque fois qu’on y arrive, le lien devient un peu plus fort. Un peu plus profond. Un peu plus vrai.




6 – Comment écouter pour vraiment apaiser l’autre ?


On croit souvent qu’écouter, c’est se taire pendant que l’autre parle. Qu’il suffit de laisser l’autre vider son sac pour que ça aille mieux. Mais écouter, pour de vrai, c’est bien plus que ça. C’est une présence. Une posture intérieure. Un geste d’amour, simple et puissant.

Écouter, ce n’est pas attendre son tour pour parler.


Ce n’est pas chercher à répondre, corriger, ou argumenter. Ce n’est pas non plus chercher la faille, le contre-argument, le " Oui, mais ". Ce n’est pas avoir raison. C’est être là. Présent(e). Entier(ère). Ouvert(e).


C’est laisser une place à ce que l’autre vit, même si ça bouscule. Même si ça pique un peu. C’est entendre une douleur qui n’est pas la nôtre, une colère qu’on ne comprend pas tout de suite, une perception différente de la nôtre, et la respecter.


Écouter, c’est dire, sans un mot :"Ce que tu vis est important pour moi. Même si je ne le vis pas pareil. Même si ça me dérange".


Et c’est ça qui change tout. Parce qu’on a tous(tes) ce besoin fondamental, d'être entendu(e) sans être corrigé(e), d'être reconnu(e) sans qu’on nous dise comment on devrait ressentir, penser, réagir.


L’écoute vraie, c’est un espace sans menace. Un lieu où l’on peut exister pleinement, même avec nos contradictions, nos émotions brutes, nos incohérences parfois.


Dans un couple, quand l’un(e) commence à écouter de cette manière, quelque chose se détend. Se transforme. La tension tombe d’un cran. Parce qu’on ne cherche plus à gagner. On cherche à comprendre. À rejoindre l’autre là où il (elle) est.


Et c’est dans ces moments-là, au cœur de cette écoute silencieuse, qu’on découvre ce qu’il y a de plus précieux, l’autre tel(le) qu’il (elle) est vraiment. Sans masque. Sans défense. Juste humain(e).


Alors oui, écouter demande de l’attention, de la présence, de la maturité. Mais les liens qui se tissent dans cette qualité d’écoute sont plus solides, plus profonds. Parce qu’on ne construit pas un couple seulement avec des projets, des rires et du quotidien. On le construit aussi avec des silences pleins de sens, des mots qu’on accueille sans les interrompre, et des regards qui disent: "Je t’écoute. Je suis là."




7 – Comment redevenir une équipe quand tout nous oppose ?



Quand les disputes éclatent, on oublie parfois l’essentiel. On n’est pas des ennemis, pas des adversaires ! On est sur le même bateau, on avance ensemble !


Et pourtant, quand les tensions montent, les mots blessent, le froid des silences, le choc des incompréhensions, chacun(e) campe sur ses positions, alors on se retrouve sur une rive opposée. Isolé(e). À défendre son territoire.


On se parle, mais on ne s’écoute plus. On se voit, mais on ne se reconnaît plus. Et ce qui nous unissait semble s’effacer derrière ce qui nous oppose.


Mais dans un couple, on n’est pas censé(e)s se battre l’un(e) contre l’autre. Il n'a aucune médaille, ni même de coupe, de trophée à la fin !


On est censé(e)s se battre ensemble contre ce qui nous sépare, les incompréhensions, les blessures non dites, les peurs qui ferment, les automatismes qui blessent.


Être du même côté, ce n’est pas être toujours d’accord ! C’est se souvenir qu’on joue dans la même équipe, même quand on ne comprend pas le jeu de l’autre. C’est choisir de traverser ensemble. C’est dire :"Je ne comprends pas tout, mais je ne suis pas contre toi ", " Je veux qu’on y arrive, même si on galère en ce moment ", "Je t’en veux, mais je tiens à nous."


Pas gagner. Pas dominer. Mais se retrouver, c'est ça être une équipe. C’est comprendre que le vrai combat, ce n’est pas l’un(e) contre l’autre. C’est ensemble, contre tout ce qui risque de nous éloigner.


Parce que dans un couple, il ne suffit pas de s’aimer. Il faut aussi se rappeler, encore et encore, que l’autre n’est pas un obstacle. Que le conflit n’est qu’un passage. Que derrière les cris, les silences, les murs, il y a souvent deux personnes fatiguées de se sentir seules face à l’autre, alors qu’elles pourraient être ensemble face à tout le reste.



Conclusion


Les disputes ne disent pas tout d’un couple. Mais elles révèlent beaucoup. Elles mettent en lumière ce qu’on cache parfois même à soi, nos fragilités, nos peurs, nos défenses. Elles nous ébranlent, nous confrontent, nous testent. Et pourtant, elles peuvent aussi, si on choisit de les regarder autrement, nous rapprocher.


Car au fond, derrière chaque tension, il y a un besoin. Le besoin d’être entendu(e), reconnu(e), respecté(e). Le besoin de sentir qu’on existe pour l’autre, même quand on ne pense pas pareil. Le besoin d’être en sécurité, même dans la tempête.


Dans ces moments de friction, on oublie souvent que l’on est dans la même équipe. On se parle comme à un adversaire, alors qu’on cherche juste à ne pas être abandonné(e). On se défend comme si l’autre était une menace, alors qu’on a juste peur de ne plus être aimé(e).


Mais aimer, ce n’est pas éviter les conflits à tout prix. C’est apprendre à les traverser sans s’y perdre. C’est apprendre à s’écouter sans se défendre, à parler sans accuser, à se taire sans fuir. C’est reconnaître que parfois, on ne sait pas faire. Qu’on fait mal, malgré soi. Qu’on a encore à apprendre, de l’autre, de soi, de la relation.


Aimer, ce n’est pas être parfait(e). C’est être vrai(e). C’est pouvoir tomber sans se détruire. S’éloigner sans se quitter. Se retrouver, même quand tout n’est pas réglé.


Et surtout, c’est se rappeler que l’autre n’est pas le problème. Que le vrai combat, ce n’est pas l’un(e) contre l’autre. C’est ensemble, contre tout ce qui risque de nous séparer, nos peurs, nos habitudes, nos histoires non digérées.


Parce qu’un couple, ce n’est pas deux êtres qui ne se disputent jamais. C’est deux personnes qui choisissent, encore et encore, de se rejoindre. Même après les tempêtes. Même quand c’est flou. Même quand ça fait mal. Deux, pour grandir ensemble. Pas malgré les conflits. Grâce à eux.



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